Emma Daumas 2016
Emma Daumas - Vivante

Artiste : Emma Daumas
Actu’ : Nouvel album Vivante ainsi que le roman Supernova

Découverte par le grand public en 2002 grâce à la seconde édition de la Star Academy, Emma Daumas a depuis bien grandi, laissant derrière elle la télé-réalité et le style pop-rock (Tu seras, Regarde nous…). C’est une femme plus mature qui nous offre cette année l’excellent album Vivante, ainsi que le roman Supernova, fiction inspirée par son expérience personnelle. Rencontre avec une artiste complète et « vivante ».

Tu nous reviens avec une double actualité : un nouvel album et un roman. Est-ce pour te faire pardonner cette longue absence médiatique ?
Héhé ! Ma longue absence médiatique a été complètement nécessaire à l’élaboration de ces deux nouveaux projets. Je crois qu’un artiste ne peut créer que dans sa bulle, et avant cela, j’avais aussi besoin de me ressourcer, voir et faire autre chose pour convoquer de nouvelles inspirations après neuf années durant lesquelles je n’avais pas arrêté. Faire une pause, un bébé, me renouveler artistiquement, ce fut une période merveilleuse !

“Vivante”. Un seul mot mais qui sonne tellement fort. Pourquoi ce choix de titre pour ton disque ?
Justement pour mettre l’éclairage sur ce moment de création totale ! J’ai eu le sentiment d’une vitalité extrême. Je me suis fait la réflexion qu’il est absolument absurde que l’on ait tendance à dire des artistes qui ne sont plus sur le devant de la scène qu’ils sont morts. Les gens des médias pensent parfois que la vie ne réside que sous leurs feux mais c’est faux, ce n’est qu’une étape de la vie artistique, qui n’a pas grand-chose d’artistique d’ailleurs, qui a certes son importance pour faire le lien avec le public mais qui n’est pas le but de la création (en tous cas qui ne devrait pas l’être !).

Emma Daumas - Vivante - Supernova

“Maintenant dans la chanson française tu n’as pas peur de te ringardiser un peu ?” C’est une question que l’on t’avait posé en 2012, suite à la sortie du single “Je Suis Conne”. A l’époque tu semblais ne pas assumer ce registre, et défendais d’avoir fait un album pop, très anglo-saxon, et que finalement le titre de Mickey 3D était une exception. Avec ce nouvel opus, difficile de ne pas affirmer ton nouveau virage artistique, non ?

Je persiste à penser que mon troisième album était le reflet de ma face la plus Pop et que nous avons été très influencé à l’époque par les anglo-saxons. La production, les arrangements et le son de ce disque étaient au cœur de nos explorations. Mais je suis d’accord pour dire que Mickey et d’autres auteurs comme Marcel Kanche m’ont ouvert une autre voie. Pour Vivante, ce sont les textes qui ont été au cœur du processus, ce qui en effet est une démarche très typique de la Chanson Française. Je crois que ce ne « nouveau virage » est simplement la nouvelle facette d’un même ensemble !

“Je ne vais pas écrire pour toi mais en sortant de chez moi tu sauras écrire”. Ces mots prononcés par Maxime Le Forestier ont beaucoup compté pour toi. Ta rencontre avec ce grand monsieur de la chanson n’a-t-elle pas été l’élément déclencheur de ton renouveau artistique ?
L’intuition de travailler sur mes textes, d’approfondir cette démarche d’auteur était là et c’est pour ça que j’ai fait appel à lui mais c’est Maxime qui l’a rendu concrète. En m’accordant sa confiance, son savoir et son temps, il a été un moteur fondamental au début du processus durant les séances de travail, ce « stage d’écriture intensif. Evidemment lorsque l’on a l’opportunité de travailler avec un tel auteur/compositeur, il faut donner le meilleur !

Barbara disait souvent qu’elle accouchait de ses chansons sur scène. Sur cet album, j’ai cru comprendre que tu as fait de même, en les testant d’abord devant ton public avant de les enregistrer en studio. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Une fois écrites, les musiciens de la tournée de Maxime ont eu l’extrême générosité d’accepter d’enregistrer les maquettes de mes chansons en studio entre deux dates. J’étais alors en pleine exploration pour trouver leur couleur, leur forme, leur assise. Mais c’est ce souffle live qu’ils ont naturellement insufflé à l’enregistrement qui m’a donné l’envie d’aller d’abord les jouer sur scène, avant de les graver dans le marbre. Mon équipe m’a alors monté une petite tournée de showcases en partenariat avec des radios régionales pour présenter ces nouvelles chansons et travailler dessus en trio acoustique. Les chanter de nombreuses fois devant un public agit beaucoup sur la manière de les interpréter et nous avons pu les peaufiner, ajuster un mot, une structure.. L’enthousiasme des gens les a aussi beaucoup nourri !

Les promesses en l’air d’Emma Daumas

Au cours de tes différentes interviews, tu reviens souvent sur la notion “d’avatar”. J’ai l’impression que ce mot est la clé pour comprendre ton parcours. Lorsque tu étais à la Star Academy, la prod t’avait fabriquée l’image de la jolie petite blonde consensuelle. A la sortie du château, on a eu l’impression que tu essayais par tous les moyens de détruire cette image, quitte à aller dans l’autre extrémité. Je me souviens de cette séance photo avec Joey Starr, ou de ce doigt d’honneur brandi sur le plateau de Tout le monde en parle, sans parler de tes différents looks, parfois extravertis. Finalement n’as-tu pas essayé de créer un avatar en réponse à celui de la Star Ac’ ?
Toutes les phases par lesquelles nous passons adolescents sont effectivement des tentatives d’affirmation d’une personnalité en gestation. Dans mon cas, avec une expérience aussi marquante que celle que j’ai vécu à la Star Ac, j’avais besoin de « tuer la mère (star ac !) », de casser les codes, d’explorer les limites et c’était parfois très extrême c’est vrai ! Quand on est un personnage médiatique, forcément se crée un « nouveau moi », une image idéale que l’on projette dans le monde et à laquelle on a tendance à vouloir s’identifier. Il est important de savoir s’en détacher, s’amuser un peu avec elle, la questionner et surtout, garder le contact avec son intimité, savoir vraiment qui on est.

“Une vie solitaire et hagard. On ne se sait plus qui on est, j’ai oublié d’être tendre, au nom de la liberté laisse moi te la rendre”. On peut entendre cette phrase dans la chanson “Mon Homme”, que je trouve tout bonnement sublime. Finalement l’amour a été aussi un élément important pour construire celle que tu es aujourd’hui : on a besoin du regard de l’autre pour être soi.
« Après tant de bagarres pour une terre, on y vit solitaire et hagard… » 😉
Le regard de l’être aimé est fondamental pour moi ! Mais je crois que tout le monde cherche à être regardé et aimé, depuis que nous sommes enfants, c’est un besoin comme manger et dormir ! Dans la chanson « Mon homme » je parle d’une guerre, celle que se livrent les amoureux pour trouver leur place au sein du couple. Il est très difficile de vivre ensemble et je crois qu’il faut une sacrée dose de bienveillance, de compréhension et de patience, bref, d’Amour pour faire fonctionner cette grande aventure ! Mon histoire d’amour est un socle auquel je cherche à m’ancrer profondément et qui me fait grandir, m’élever !

Un autre fait frappant est la pochette très végétale de “Vivante”. Est-ce parce que tu es écologiste et végétarienne comme tes parents, ou parce que tu es revenue vivre auprès des tiens, sur ton Avignon natale, histoire de retrouver tes racines ?
C’est un mythe nous ne sommes pas vraiment végétariens ni écolos, pas militants pour deux sous, même si c’est vrai dans ma famille nous avons une profonde attirance pour la Nature et la relation à l’animal. Avoir une conscience écologiste aujourd’hui est malheureusement selon moi devenu une mode, un enjeu politique et je préfère travailler en solo mon rapport à la Terre, à l’harmonie, au monde qui m’entoure. Je trouve ça plus évident de le faire à la campagne qu’à la ville… Mon petit village près d’Avignon est un havre de paix, proche de grands espaces naturels dans lesquels je vais souvent me ressourcer. C’est pour cela que quand l’artiste Justine Emard m’a proposé un visuel végétal pour la pochette de mon disque, ça m’a beaucoup parlé. On a bossé avec Yuta Umeda, un coiffeur japonais inspiré par l’art floral traditionnel, l’ikebana.

Finalement Manuelle n’est-elle pas devenue pour le coup l’avatar d’Emma Daumas ?
Au contraire ! Manuelle est la substance, l’âme de l’avatar Emma Daumas !

L’interview remixée de Pivot :

1/ Si tu devais nous raconter un moment de ta vie en une chanson, tu choisirais ?
Je crois que c’est impossible ! Les chansons sont la b.o de notre vie, heureusement qu’il n’y en a pas qu’une !

2/ Quelle est LA chanson que tu rêverais d’avoir écrit ?
Il y en a plusieurs mais là me vient La rouille de Maxime Le Forestier.

3/ Si comme Renaud tu avais un “bistrot préféré quelque part dans les cieux”, avec quels artistes voudrais tu boire un coup ?
Avec Stefan Zweig, Picasso, David Bowie et Edith Piaf.

4/ Imagine que tu aie la possibilité de te réincarner dans la vie d’un artiste, lequel choisirais tu ?
Debussy, rien que pour la sensibilité, la musicalité, l’inspiration céleste de son Clair de Lune !

Emma Daumas
Nouvel album Vivante
Sortie le 27 mai 2016 chez Abacaba / Musicast
En concert aux Trois Baudets le 26/09/16

Album Emma Daumas - Vivante